Les morceaux de cet album flottent entre les lignes, entre ce qui est écrit et de ce qui ne l'est pas, c'est à dire qu'il est souvent impossible pour l'auditeur de distinguer parties d'improvisation libre et parties composées. Cependant la ligne est claire, loin de brouiller intentionnellement les pistes, les parties écrites servent de fondations à une multitude d'autres constructions spontanées. La beauté de cette musique vient donc du fait que les moments improvisés sont ressentis comme une écriture musicale; de ces deux modes de jeu, elle offre la fraîcheur de l'un et la force de l'autre aussi bien dans les intentions, que les mélodies, rythmes établis ou par exemple les débuts et fins de morceaux très clairs... Lanzoni et Mehari suivent des lois créatives d'enfants en état de jeu: ils évoluent dans un monde qui leur est propre et sans limites. L'acuité d'écoute des deux musiciens est saisissante, elle donne lieu à un échange fructueux, chacun se permet de laisser "le lead" à l'autre et de jouer seulement ce que la musique demande. L'auditeur n'est pas en reste et participe à l'aventure, il suit le fil d'histoires que le duo emmène toujours plus loin, dans une dynamique d'impulsions et d'emphase.
